mardi 16 novembre 2010

Leçon terminale : L'interrelation entre les dimensions de la conscience historique

Louis XIV peint par Pierre Mignard


Leçon terminale

L’INTERRELATION ENTRE LES DIMENSIONS DE LA CONSCIENCE HISTORIQUE

Maintenant que la spectographie des dimensions de la conscience historique est établie, il faut voir, par quelques exemples, leurs interrelations actives. Quelques cas montreront qu’une fois superposées, les dimensions révèlent, entre elles, une dynamique d’échanges d’où émerge la connaissance historique qui, en retour, exercera son impulsion propre sur la représentation collective.

Cas # 1. Bruno Hébert, un précurseur méprisé de l’historiographie québécoise.
Bien avant le médiéviste Le Goff. Bien, bien avant l’enthousiasme pour l’étude des monuments patrimoniaux de la France qui donna la série des Lieux de la mémoire dirigée par Pierre Nora, un historien québécois s’était lancé dans l’étude des monuments commémoratifs du Québec. Une étude pionnière, Monuments et Patrie, annonçait les origines de la théorie exposée ici. Cette théorie, il l’utilisa dans son approche des monuments commémoratifs québécois. Je tiens à exprimer ici tout ce que nous sommes redevables à cet ouvrage.

Avec les moyens du bord, Bruno Hébert approche les monuments à partir des trois dimensions de la représentation mentale. L’Imaginaire, le Symbolique et l’Idéologique sont déjà nettement découpés et l’historien apporte des éléments d’érudition propres afin de les appliquer à son objet. De plus, il essaie de lier ces dimensions les unes aux autres; de leur trouver une dynamique interrelationnelle.

«L’image est un intelligible en puissance; informée par l’esprit, heurtée à d’autres images, elle peut accroître sa signification au point de devenir l’équivalent mental d’un symbole, l’occasion d’une semence mythogène. Le parcours d’une image réussie fait qu’elle s’oriente vers un plus-être, un gain de signification. Les meilleures de nos idées sont des images réussies. Elles embrassent beaucoup en étendue comme en profondeur, mais sans jamais tout expliciter, comme si elle gardait en réserve des choses, comme si elles voulaient protéger le mystère des êtres tel que pressenti aux niveaux plus profonds de la conscience. Certes, tout n’est pas que réussite dans ce grand jeu de l’imagination où le gros des représentations est à mettre sur le compte-courant de la pensée ordinaire. Pourtant, est-ce l’action d’un réflexe intelligent sur le fond de pensées souterraines, est-ce l’empreinte laissée par les habitudes de l’intellect et de la raison: il existe, au niveau le moins attentif de la conscience, comme une tendance naturelle vers la réalisation d’une certaine unité dont témoigne la sublimation des images élaborées presque à notre insu. C’est comme s’il y avait complicité entre le mouvement ingénu de la pensée primitive et le dessein avoué de la conscience attentive».1

Hébert trace une ligne directe qui va de l’Imaginaire, dont il analyse la formation et la cohérence, avant de franchir un deuxième pas, celui du Symbolique, qu’il associe au mythe irrationnel. Enfin, il aborde le problème des idéologies dont il voit le jeu complémentaire dans la représentation contenue dans toutes commémorations. Pour l’auteur, l’idéologie lui apparaît comme une idée vivante qui finit par contenir l’ensemble de la représentation.

«Produit de l’imagination théorique, l’idéologie est une idée vivante, c’est-à-dire qu’elle vit de l’ardeur de ses adhérents et qu’elle est sujet à naître, se développer et mourir. C’est justement cette mobilité de nature qui rend difficile la découverte des principales articulations du système et le jugement qu’on voudrait porter sur sa valeur réelle à tel moment de son histoire. Les idéologies qu’on connaît le mieux et qu’on juge avec le plus d’assurance appartiennent déjà au passé et sont pratiquement sans incidence sur le présent; ou encore, elles fleurissent ailleurs que chez soi - ce qui les rend également inoffensives. Quant à celles sous la coupe desquelles on vit, il en va comme pour le mythe vécu: le recul manque pour en juger sainement. Mais il faut bien affronter le réel. Bousculé par les événements, chacun s’applique à bien juger du premier coup et s’engage, faute de mieux, dans une sorte de “dialectique du provisoire”».2

Même s’il est impossible d’adhérer à toutes les thèses de Hébert, il faut reconnaître qu’à travers son schéma, la tri-dimensionalité de la représentation est déjà bien là. Plus que chez Le Goff, où les dimensions sont à peine ébauchées, Hébert procède par une critique méthodologique de chacune d’elles et de leur interrelation, interrelation qui apparaît un peu trop unidirectionnelle. L’originalité de Hébert consiste à reconnaître un principe dynamique aux catégories autrement jugées trop abstraites.

Comment le lui reprocher, quand un auteur comme Castoriadis n’avait pas encore dessiné une division théorique aussi nette alors que lui-même était en voie de les formuler, lorsqu’il écrit: «En premier lieu, l’histoire apparaît comme le lieu des actions conscientes d’êtres conscients. Mais cette évidence se renverse aussitôt que l’on y regarde de plus près. L’on constate alors, avec Engels, que “l’histoire est le domaine des intentions inconscientes et des fins non voulues”. Les résultats réels de l’action historique des hommes ne sont pour ainsi dire jamais ceux que les acteurs avaient visés. Cela n’est peut-être pas difficile à comprendre. Mais ce qui pose un problème central, c’est que ces résultats, que personne n’avait voulus comme tels, se présentent comme “cohérents” d’une certaine façon, possédant une “signification” et semblent obéir à une logique qui n’est ni une logique “subjective” (portée par une conscience, posée par quelqu’un), ni une logique “objective”, comme celle que nous croyons déceler dans la nature, - et que nous pouvons appeler une logique historique».3

En prenant la commémoration des monuments à saveur patriotique, Hébert touchait tout de même à un vecteur important de la conscience historique canadienne-française et québécoise.

Cas # 2. Ernest Renan: un cas de névrose universelle de la pensée historienne.
Les grands livres d’histoire ne sont pas toujours les plus éloquents sur la dynamique de la conscience historique. Un pamphlet rédigé à chaud dans le contexte de la défaite française devant les armées allemandes en 1870, La réforme intellectuelle et morale de l’historien positiviste Ernest Renan, présente un paragraphe assez chargé que voici:

«Il est incontestable que, s’il fallait s’en tenir à un moyen de sélection unique, la naissance vaudrait mieux que l’élection. Le hasard de la naissance est moindre que le hasard du scrutin. La naissance entraîne d’ordinaire des avantages d’éducation et quelquefois une certaine supériorité de race… Le collège grand électeur formé par tout le monde est inférieur au plus médiocre souverain d’autrefois; la cour de Versailles vallait mieux pour les choix des fonctionnaires que le suffrage universel d’aujourd’hui; ce suffrage produira un gouvernement inférieur à celui du XVIIIe siècle à ses plus mauvais jours».4

Décomposons ce paragraphe en répartissant les mots soulignés selon les instances:
[morale]

aspirations/contraintes

vaudrait mieux/moindre
avantages/inférieur
supériorité/médiocre
valait mieux/plus mauvais jours

[sens]

réalité-désir/désirs-réalité
naissance/scrutin
naissance/tout le monde
naissance/suffrage universel
race/suffrage
souverain/collège grand électeur
cour de Versailles/

[logique]

nécessité/contingences
incontestable/élection
entraîne/hasard
ordinaire/hasard
éducation/quelquefois
produira/choix

Dès lors, nous pouvons reconstruire la dynamique de la conscience historique à travers ce texte décomposé selon les trois dimensions de la représentation et leurs instances dialectiques: les aspirations, la réalité (comme désir) et les nécessités se retrouvent organisées de façon homogène tout comme les contraintes, le désir (comme réalité) et les contingences. On le voit, l’inversion a lieu au niveau du Symbolique. La démonstration apparaît évidente. La représentation sociale de l’histoire, comme de toutes choses porbablement, ne relève pas tant des expressions utilisées seules, mais de la manière dont elles se superposent d’une dimension à l’autre de la conscience collective. De plus, il apparaît également qu’il n’y a pas d’ordre prioritaire ou hégémonique dans la construction du discours, mais bien une coopération simultanée et étroite des trois dimensions, une complémentarité puisque c’est l’articulation des dimensions qui motive la représentation et non pas le fait que l’une précède ou suit l’autre. Au-delà des mots, une logique, un sens et une morale de l’histoire s’élaborent mutuellement. Contrairement à l’unidirectionalité présentée dans l’ouvrage de Bruno Hébert, nous voyons ici l’interchangeabilité à partir de laquelle il est possible d’aborder la représentation sociale. La conclusion ultime de tout ceci se retrouve encore dans Renan.

La victoire de la Prusse a été la victoire de la royauté de droit quasi-divine (de droit historique); une nation ne saurait se réformer sur le type prussien sans la royauté historique et sans la noblesse. La démocratie ne discipline ni ne moralise».5

C’est-à-dire que le plaisir transforme les contingences en contraintes humiliantes de l’Histoire. Contre ces contraintes, l’historiographie renanienne (et plus tard bainvillienne) aspirera à une réalité (désirée) logique (rationnelle) que ramènera la solution active (morale) conséquente: la réaction…

C’est ainsi que dans la représentation mentale de l’individu Renan, entre l’Idéologique et l’Imaginaire, le Symbolique a opéré un renversement névrotique. Ce qui aurait dû être la suite des nécessités aux contraintes se retrouve dans la série nécessités/aspirations, tandis que les contingences, qui auraient dû être enlignées avec les aspirations, se retrouvent dans la série des contraintes. La permutation du principe de plaisir en principe de réalité et vixe versa au niveau du Symbolique, fait de la science positive ce que Freud appelait, à propos du sentiment religieux, une névrose obsessionnelle, ici la royauté justifiée compulsivement en vue de restaurer la victoire nationale.6

Cas # 3. L’effet De Gaulle sur la Résistance.
Si, le cas de Renan nous permet d’observer l’action du Symbolique entre Historicité et Moralisation, il est possible de voir l’Idéologique jouer un rôle pivot dans l’organisation de l’interprétation des relations entre le premier des Résistants, le général de Gaulle, et les Résistants de l’intérieur, en particulier le compact mais efficace groupe communiste.

«À travers sa diversité, ses divisions, la résistance intérieure française a su, elle aussi, incarner une nouvelle légitimité, celle d’une France combattante. Son rapprochement avec de Gaulle [l’autre incarnation de la Résistance], négocié par Jean Moulin, fut laborieux et conflictuel. Il résulta d’une longue et difficile négociation, en particulier avec les groupes résistants les plus incontrôlables, ceux des communistes. Un tel rapprochement répondait cependant à une nécessité historique.

En effet, de Gaulle se rendit vite compte qu’il avait besoin de la résistance intérieure. Il disposait de trop peu de forces armées pour être entendu des Alliés et peser dans la bataille militaire. En plus du ralliement de l’Empire français, il lui fallait obtenir le soutien de la résistance. De cette façon, il était en mesure de peser politiquement sur les Alliés en leur montrant que, à l’intérieur du pays, son nom était en train de rallier tous ceux qui luttaient. Pour renforcer sa propre légitimité, il se devait absolument de montrer à tous et au monde entier qu’il parlait bien au nom d’une “autre France”, celle qui résistait.

En même temps, de Gaulle s’est progressivement imposé à la résistance. Pour la France engluée dans Vichy, il était vital qu’une personnalité ou qu’une instance politique représentât une légitimité rebelle. De Gaulle, inconnu des Français en 1940, sut remplir cette fonction. “L’effet” de Gaulle fut éminemment symbolique. Son “arme” principale fut la puissance de son verbe. On imagine mal de Gaulle sans la radio. Elle fut pour lui “l’arme” idéale pour mener une action psychologique sur les masses et s’imposer peu à peu à elles. La présence de cette voix lointaine ouvrit une autre voie, un autre avenir politique. Il commençait à exister une autre alternative que la soumission à la volonté de l’occupant et peu à peu les Français reprirent espoir. Cela contraignit les mouvements de résistance à négocier avec de Gaulle par lequel, de plus, ils pouvaient obtenir un soutien financier.

Il y eut ainsi une dialectique de développement entre de Gaulle et la résistance intérieure. La résistance avait tout autant besoin d’un de Gaulle que de Gaulle avait besoin de la résistance. De Gaulle et la résistance intérieure furent les empêcheurs de tourner en rond et, bientôt, les deux pôles politiques autour desquels le paysage français commença à se réordonner».7

Dans l’organisation de ce texte, J. Semelin a très bien reconnu l’influence directe de la contrainte idéologique sur la nécessité historique: nouvelle légitimité, France combattante, rapprochement laborieux et conflictuel à travers de difficiles négociations (en particulier avec les Communistes), tout cela est perçu dans une Historicité où la nécessité prime sur les contingences. Ce lien entre nécessité/contrainte oblige le discours à contraindre précisément le Symbolique (le terme est en italique dans le livre de Semelin, preuve qu’il en a reconnu l’importance-clef), d’où l’indispensable effet De Gaulle porté par la radio. Cette réduction instrumentaliste du Symbolique ouvre aux aspirations (autre alternative, espoir) et aux contingences (autre avenir, négociations fructueuses) une praxis qui s’avèrera bénéfique aux intérêts résisstants par la réception d’un soutien financier. En conclusion, Semelin montre la réciproque nécessité (Historicité) et contrainte (Morlaisation) qui tient ensemble, de Gaulle et les Communistes français par un même lien symbolique national.

Cas # 4. Dieppe où l’art de condenser le présent et le passé.
L’organisation du récit historique n’est pas que pur effet de la représentation mentale de l’historien, mais sa reconnaissance du jeu de la représentation sociale dans le cours même de l’Histoire, ce dont son essai n’est que la tentative de rendre manifeste. L’influence de la coalition Historicité/Moralisation sur la Signification historique peut se retrouver dans d’autres situations où l’Idéologique agit non seulement sur le Symbolique mais également sur l’Imaginaire. Béatrice Richard reconnaît ici le jeu auquel s’est livré le gouvernement canadien dans la façon de présenter aux citoyens canadiens, et en particulier aux Canadiens-français, l’écrasante et douloureuse défaite des armées alliées lors du raid manqué à Dieppe en 1942.

Rappelons rapidement les faits. Le 19 août 1942, un corps expéditionnaire composé essentiellement de Canadiens, de Britanniques et de quelques Américains, tente l’opération Jubilee, consistant à débarquer sur la plage de Dieppe. Au moment où les combattants et leur matériel touchent terre, ils sont terrassés par un feu nourri provenant des avant-postes allemands. C’est tout simplement, selon les témoins, un carnage. Les pertes canadiennes sont estimées à 3367 hommes, dont 907 tués au combat. Le seul corps canadien-français présent, les Fusiliers Mont-Royal, compte 513 pertes, soit 88,4% de ses effectifs et 15,2% de l’ensemble des pertes conadiennes. À titre de comparaison, le Royal Hamilton Light Infantry a perdu 82,7% de ses effectifs, le Royal Regiment of Canada 87,3% et l’Essex Scottish Regiment, 96,3% soit pour chacun entre 15% et 16% des pertes totales. Les Canadiens Français ne furent donc pas les seuls, ni les principaux sacrifiés du raid raté.

Dans un premier temps, le gouvernement, qui venait de gagner un référendum national pour le libérer de sa parole donnée aux Francophones de ne point user de la conscription outre-mer, présente le raid comme un succès. Le corrrespondant de guerre, Ross Munro fait le tour du Canada, exposant deux versions laudatives différentes aux populations anglophones et francophones. Pour ces derniers, il fait l’apothéose de l’action héroïque du «colonel Ménard en tête de ses hommes». Mais la vérité ne peut pas toujours se dérober, même en temps de guerre. Comment présenter une vérité douloureuse d’une opération militaire mal planifiée, mal menée et sans autre but que de dresser un écran diplomatique montrant à Staline l’ouverture d’un front atlantique en voie de se concrétiser? Or, comme toujours, le hasard fait bien les choses, et l’héroïque colonel Ménard est doté d’un prénom qui va servir à une formidable opération de condensation psychologique qui ne pouvait échapper aux public relations de l’armée et du gouvernement canadien.

«Malgré leur rôle secondaire sur le terrain, les Fusiliers Mont-Royal se retrouvent à l’avant-scène médiatique. À la tête de l’unique régiment francophone ayant participé à l’opération, le colonel Dollard Ménard et l’aumônier, l’abbé Armand Sabourin, deviennent les héros d’une épopée dont le coût humain et militaire ne sera révélé que graduellement. Cette stratégie de communication à l’endroit des Canadiens français n’a rien d’original. Depuis le début de la guerre, le Bureau de l’information publique, supervisé par le ministère des Services nationaux de guerre, alimente la presse québécoise d’une littérature résolument “héroïque” et spécifiquement destinée aux Québécois où Dollard et Montcalm, côtoient les héros de Courcelette et de Vimy, ceci dans l’espoir d’éveiller la fibre patriotique des francophones. La ficelle est grosse au point d’indisposer certains Canadiens anglais, ceux-ci jugeant cette rhétorique distincte dangereuse pour l’unité nationale».8

On ne pouvait trouver meilleur évocation pour l’héroïque colonel Dollard Ménard que son association au commandant des héros sacrifiés au Long-Sault, en 1660. Et l’aumônier du Régiment lui-même se prêta, avec enthousiasme, au procédé psychologique à travers ses allocutions et entrevues radiophoniques. Pas à pas, les gestes des Fusiliers Mont-Royal se mettent à reproduire la trame du récit de la bataille du Long-Sault.

«La presse québécoise…, n’a pas manqué d’exploiter le filon. En plus d’avoir communié, avant de partir à l’assaut, les Fusiliers Mont-Royal n’ont-ils pas “fait à l’avance le sacrifice de leur vie”, sachant qu’il s’agissait d’une “mission de suicide”? À l’émission Jean-Baptiste s’en va-t-en guerre, l’aumônier Sabourin se serait adressé en ces termes aux parents des disparus: “[J]e tiens à vous dire que, quelques heures avant notre départ pour cette expédition, j’ai eu le bonheur de donner à tous sans exception l’absolution générale et la Sainte Communion. Cette seule pensée, pour des Canadiens français catholiques, devrait atténuer les inquiétudes et les angoisses qui accompagnent fatalement les opérations militaires de cette nature”».9

Il n’est pas besoin d’entrer dans les détails d’une historiographie comparée pour reconnaître en Dollard Ménard, le fantôme de Dollard des Ormeaux - dont la geste avait déjà été utilisée dans la propagande au cours de la Première Guerre mondiale; dans la communion des Fusiliers, la communion des compagnons de Dollard avant de quitter Ville-Marie (Montréal); le caractère de mission suicide qui emprunte aux braves du Long-Sault mais qui n’avait sûrement pas été anticipée pour l’opération Jubilee; les Fusiliers sont flanqués de soldats anglais qui jouent un rôle tout aussi nuisible que celui des Amérindiens ramassés dans le fortin de 1660; enfin qu’à Dieppe, ils ont résisté jusqu’au bout à l’assaut des soldats allemands jusqu’à succomber sous le poid ennemi, tout comme Dollard et ses seize braves devant la horde d’Iroquois déchaînés. En condensant les deux événements, le sens de l’histoire prêté à l’épisode du Long-Sault, à la figure héroïque de Dollard célébrée par les nationalistes sous la coupe de l’abbé Groulx, se voyait transvasé dans l’éprouvante défaite du raid de Dieppe. Aux lendemains du plébiscite d’avril 1942, où les Canadiens français avaient rejeté la demande du gouvernement fédéral canadien, une fonction expiatrice était offerte aux endeuillés des jeunes hommes fauchés par les mitrailleuses allemandes, fonction garantie par l’oblation ultime des héros du Long-Sault.

Aussi, pour Béatrice Richard, l’effet du bluff ne donna pas les résultats escomptés. «Au lieu de galvaniser la combativité de l’opinion publique, le mythe de Dieppe cristallisa à long terme les frustrations nationales; jusqu’à aujourd’hui, la mémoire populaire a retenu qu’il s’agissait d’une boucherie au profit de l’impérialisme britannique. La construction de ce mythe se nourrit certes d’un sentiment d’injustice. En 1942, les Canadiens français se sentent bernés par le plébiscite du 27 avril. Ce qui n’arrange rien, à l’époque les rumeurs les plus désobligeantes circulent, au Canada comme aux États-Unis, au sujet du Québec, repaire de la Cinquième Colonne. Que des héros canadiens-français surgissent de l’épopée de Dieppe ne peut que flatter une fierté nationale passablement malmenée. Toutefois, le bilan du raid s’alourdissant et la propagande ennemie capitalisant sur ce fiasco, ce sursaut pouvait-il durer?»10 L’épuisement des vieux signifiés usés ne pouvaient plus être resservis dans le but de transformer une défaite militaire en victoire morale.

Il semble difficile de croire que les agents des forces canadiennes aient eu suffisamment conscience de la sémiologie de l’histoire pour la condenser avec l’actualité et donner ainsi un signifiant collectif à une opération qui, à première vue, n’en avait pas. Pourtant, les témoignages, sont là. La dimension symbolique de l’Histoire est une réalité de conscience, qu’importe que nous reconnaissions ou non l’existence d’un inconscient collectif ou d’un inconscient historique.

Cas # 5. L’Historicité tortueuse de la Révolution française.
Si nous considérons les deux siècles d’historiographie de la Révolution française depuis les événements de 1789, force est de constater que l’événement fut soumis à toutes les logiques possibles et imaginables, elles-mêmes forcées par les impulsions affectives et les valeurs des différentes générations politiques successives, en France comme ailleurs en Occident.

Dans le tableau de la page 116 (ici absent) est exposé le parcours des logiques de nécessité (la Révolution-bloc) et de contingence (Révolution scindée) qui permettent de positionner les grands noms de l’historiographie révolutionnaire. L’idée germait déjà dans la tête des philosophes du XVIIIe siècle, reprise par les révolutionnaires les plus radicaux, les Jacobins, que la Révolution s’inscrivait dans la force des choses - expression de Rousseau (Contrat social). Pour les contemporains des événements qui étaient encore d’actualité, telle Mme de Staël, fille du financier Necker, un temps en grâce à la fois auprès de Louis XVI et de l’Assemblée nationale, la Révolution se scindait en deux: celle de 1789, essentiellement la Révolution de la liberté et des droits de l’homme, et celle de 1793, de l’égalité et de la République mais aussi de la Terreur (Thèse qui courre de Germaine de Staël à Hannah Arendt). Ce lien entre ces deux poétiques de l’intrigue est l’enjeu de la conscience historique.

Certes, les logiques révolutionnaires suivent les temps. Avant la révolution de Juillet de 1830, nous voyons trois tendances se côtoyer: celle de la Révolution-bloc représentée par le philosophe hégélien Victor Cousin et l’historien Mignet; la Révolution pro-libérale et la Révolution pro-jacobine. Michelet s’intéressait alors au Moyen-Âge, mais à la veille de la Révolution de Février 1848, il effectua un mouvement (shifter) en direction de la Révolution scindée, défendant 1789 contre 1793. Rompant avec les valeurs traditionnelles chrétiennes, il interrompait son Histoire de France alors qu’il abordait le règne de Louis XI, pour se lancer dans sa grande fresque de la Révolution française. Tocqueville et Quinet s’inspireront de son ouvrage, mais il trouvera en face de lui Louis Blanc et Auguste Blanqui, défenseurs mordants de la tradition jacobine.

Après 1871 et la Commune de Paris, encore toute imprégnée de la mémoire de 93, malgré le slogan de Clemenceau - la Révolution est un bloc -, la tradition monarchiste trouva son historien fataliste en la personne d’Hippolyte Taine dont s’inspireront les bainvilliens Cochin et Gaxotte. La tradition de 93, défendue par Jaurès et Mathiez aura un héritier en la personne de Georges Lefebvre qui, à l’instar de Michelet, effectuera un glissement (shifter) vers la Révolution-bloc, inscrivant désormais le thème dans la nécessité marxiste qui lie 93 à 89. Tradition reprise par ses disciples Soboul et Vovelle. En face, François Furet lance l’idée de dérapage, sensé séparer définitivement 89 de 93.

Comme on le voit, les influences symboliques et surtout idéologiques ont joué sur la cohérence des images de la Révolution: Bastille, 10-Août: comment mettre en ordre logique ces événements qui semblent à la fois si conséquents l’un de l’autre mais aussi si étrangers l’un à l’autre? Si le Symbolique peut capitaliser sur les effets à sensations du 14 juillet 1789 ou de l’exécution du Roi, si l’Idéologique peut vouloir se commander des récits de Révolution française pour satisfaire aux événements d’actualité; sans le travail de l’imaginaire, de l’Historicité, l’historiographie de la Révolution n’aurait pu bénéficier de ces multiples rebondissements créant de véritables intrigues dialogiques propres à (s’)inspirer (de) l’actualité politique.

Cas # 6. Le Père-Roi baroque.
Il est difficile d’aborder l’Ancien Régime sans traiter de la forme politique la plus répandue en Europe: l’absolutisme royal. Et il est difficile d’aborder l’absolutisme royal sans passer par l’autorité paternel dont il reproduit, à l’échelle collective, l’organisation familiale. Belle occasion de régler ses problèmes œdipiens pour un historien qui ne s’empêcherait pas d’effectuer un transfert sur une figure aussi désagréable que celle de Philippe II ou aussi emperruquée que celle de Louis XIV. Certes, la déontologie critique des historiens est le meilleur antidote à ce risque de transfert, pourtant, le signifiant passe pareille - il ne peut pas ne pas passer -, et la figure du Père est traîtée conjointement avec la fonction du Roi. Le Père-État est bien ici le Père-Roi, la figure paternelle la plus expressive après celle de Dieu.

Cette condensation des fonctions domestiques et politiques reconnue et acceptée par les philosophes et les légistes était une nouveauté sur le plan de la psychologie collective.

«On sait que l’identification des pouvoirs du père de famille et du prince va directement contre l’enseignement d’Aristote, qui voyait une différence d’essence entre les deux dominations, et marque un retour à Platon, qui les assimilait; mais, en même temps, peut-être s’agit-il aussi d’un hommage au modèle seigneurial, hérité de la monarchie féodale. Toujours est-il que l’imagerie du père de famille, bien qu’une composante courante de l’idéologie absolutiste, pouvait servir à en contester la pratique…»11 Certes, peut-on supposer que le renforcement de la transmission héréditaire des pouvoirs du Prince afin d’affirmer l’absolutisme pouvait-il bénéficier de l’analogie domestique issue de la succession féodale. D’autre part, comme le remarquent F. Cosandey et R. Descimon: «Le développement de la vénalité des charges publiques semble avoir appelé la régulation de la transmission lignagère. En outre, le Family State Compact rendait similaire la reproduction de l’appareil étatique et des familles formant les élites du pouvoir. Modèle patriarcal et modèle royal venaient ainsi se renforcer l’un l’autre, créant une structure sociale et politique d’une grande cohérence. De la même façon que les jurisconsultes du XVIIe siècle inscrivaient la loi salique dans l’ordre naturel, la référence au roi comme père commun fait croire que l’autorité publique découle de l’ordre des générations».12 Comme l’écrit Pedro Fernandez de Novarrette: «Les rois sont tête de la république pour gouverner les autres membres; pères de famille pour exercer leur vigilance; vicaires de Dieu au temporel; nerfs qui animent le royaume; règles qui ajustent les actions des sujets; et finalement le cœur qui leur donne la force vitale et les conserve en paix et justice. Et pour exercer tous ces rôles ils doivent avoir trois vertus: le travail dans les affaires, le courage dans les dangers, l’habileté dans les actions».13 Une fois l’autorité du Roi établie, alors tous les rapports sociaux se modèleront sur les liens interpersonnels qui unissent les membres de la famille au père. L’obéissance en premier lieu: Bossuet est un théoricien politique de l’obéissance dont il fonde le droit (ou l’exigence) dans le survol de la Rome ancienne (III, 6): «Dans les bons temps de Rome, l’enfance même était exercée par les travaux: on n’y entendait parler d’autre chose que de la grandeur du nom romain. Il fallait aller à la guerre quand la république l’ordonnait, et là travailler sans cesse, camper hiver et été, obéir sans résistance, mourir ou vaincre. Les pères qui n’élevaient pas leurs enfants dans ces maximes, et comme il fallait pour les rendre capables de servir l’État, étaient appelés en justice par les magistrats, et jugés coupables d’un attentat envers le public».14

Toute la politique de Bossuet était érigée sur ces notions de protection et d’obéissance prises à même les liens qui unissaient les membres de la famille entre eux par l’entremise de la soumission partagée au père: «Il a un mot admirable, qu’il emprunte au livre des Rois: “l’obéissance vaut mieux que le sacrifice.” On obéit; on obéit à Dieu; obéit au Roi, qui est le représentant de Dieu sur la terre: et on a le douceur d’agir dans le même sens de Celui qui a établi l’ordre auquel on adhère, et qui est la Vérité et la Vie. On est débarrassé de la spéculation, des inquiétudes…»15 Toute une tradition historiographique nationale a repris depuis des lustres, cette figure identificatoire sans jamais oser en analyser la portée signifiante autrement que du point de vue juridique, négligeant à la fois la projection de la figure du père sur le roi et l’introjection de la fonction royale par le père. Comment sous-estimer la prégnance de ce rapport fantasmatique sur un continent où tant de pays démocratiques ont tout de même conservé de nos jours la figure paternelle dans la personne royale?
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Ces six cas n’avaient pour but qu’illustrer les profits de la méthode que la psychologie collective met à notre disposition afin d’étudier la conscience historique, tout aussi bien à travers les œuvres culturelles que les récits, discours et problématiques de la connaissance historique. Nous ne pouvons pas clore cette synthèse sans rappeler que nous sommes bien à l’orée d’une réinterprétation de la valeur de l’histoire en tant qu’objet abstrait (Geschichte) et sujet littéraire ou scientifique (Historie) et, pour les collectivités, en tant que manière d’être au monde, dans l’espace, dans la durée et dans la norme. Voilà pourquoi il est impératif de situer notre démarche au niveau de la philosophie de l’histoire plutôt que de la simple écriture de l’histoire, qui se fixe des buts bien différents. Pourrait-on, du moins, parler d’une nouvelle philosophie de l’histoire plutôt que d’une autre philosophie de l’histoire comme le prétendait le jeune Herder? Même devenue représentation sociale, la conscience historique demeure son objet d’étude, une conscience historique non séparée de la connaissance historique comme le prétendait outrageusement Fichte. Une philosophie de l’histoire impossible sans historiographie. Une synthèse de la connaissance et de la conscience dans un processus de formation d’une présence universelle qui ne veut pas prendre la mondialisation pour une lanterne⌛

Notes
  1. B. Hébert. Monuments et patrie, Joliette, Éditions Pleins Bords, 1980, pp. 236-237.
  2. B. Hébert. ibid. pp. 317-318.
  3. C. Castoriadis. L'institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, Col. Esprit, 1975, pp. 61-62.
  4. E. Renan. La réforme intellectuelle et morale, Paris, U.G.E., Col. 10/18, #361, s.d., pp. 82-84.
  5. E. Renan. ibid. pp. 106-107.
  6. J.-P. Coupal. Les Pestiférés. L'historiographie bainvillienne entre la connaissance et la conscience historique française au XXe siècle, Montréal, Thèse en vue de l'optention d'un PhD, Université Concordia, 1988, pp. 654-655.
  7. J. Semelin. Sans armes face à Hitler, Paris, Payot, Col. P.B.P., #340, 1998, pp. 86-87.
  8. B. Richard. La mémoire de Dieppe, Montréal, VLB éditeur, Col. Études québécoises, 2002, p. 48.
  9. B. Richard. ibid. p. 65.
  10. B. Richard. ibid. p. 73.
  11. F. Cosandey et R. Descimon. L'absolutisme en France, Paris, Seuil, Col. Points-Histoire, # 313, 2002, p. 262.
  12. F. Copsandey et R. Descimon. ibid. p. 263.
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